DEVENIR RELIGIEUX SALÉSIEN
On n’est pas religieux salésien mais on le devient car Dieu a toujours une longueur d’avance et les jeunes aussi. Bien sur il y a des étapes : il y a un temps de discernement pour savoir si on se sent capable de pouvoir conjuguer le désir de consacrer sa vie à la fois à Dieu et aux jeunes, en faire une route unique à deux voies.
Devenir religieux salésien c’est bien sûr se former sur le plan des compétences mais cette formation doit s’accompagner d’une démarche de foi, d’amour et d’espérance.
La vie religieuse salésienne propose deux pistes : comme frère (ou « coadjuteur » selon le langage salésien) ou comme prêtre, avec les mêmes engagements à travers les vœux et la vie en communauté.
La formation initiale se fait en différentes étapes de discernements et d’engagements:
le postulat
Une première expérience en communauté.
le noviciat
Une année « sabbatique » de discernement en vue des premiers engagements temporels.
le stage pratique
En communauté et en activité auprès des jeunes et un temps de formation théologique.
Cette formation initiale se termine par l’engagement définitif par les vœux d’obéissance, de chasteté et de pauvreté et par l’ordination pour les prêtres. La vie religieuse appelle aussi à une formation permanente autant sur le plan professionnel auprès des jeunes, que sur le plan spirituel à travers la prière, le partage en communauté, la relecture…
Devenir religieux salésien c’est vivre le chemin d’Emmaüs:
écouter, rencontrer, reconnaître, annoncer, à la manière de Don Bosco,
dans un esprit de confiance et d’optimisme.
Spécificité de la vie religieuse salésienne
Notre fondateur, saint Jean Bosco, nous a confié un trésor: celui de sa passion pour la jeunesse.C’est le point de départ d’une grande aventure qui se poursuit à travers le monde. Les besoins de la jeunesse sont tellement étendus et urgents que cette voix résonne avec autant de force aujourd’hui, même si les réalités sont bien différentes.
Tout ce qui touche la vie des jeunes devient la source d’un appel qui peut faire vibrer le cœur ouvert et l’esprit attentif. C’est là en effet que se trouve le fil conducteur de la vie de chaque salésien. L’écoute des attentes, des cris, des espoirs de la jeunesse permet de garder un regard optimiste et cela, quelle que soit la situation ou l’âge. Cette proximité on pourrait dire cette connivence nous conduit à rechercher dans toute rencontre comme un signe où Dieu se laisse reconnaître.

La communauté
L’attention vigilante envers ceux qui sont le plus en difficulté demande une compréhension, une forme d’ascèse spirituelle. Pour nous salésiens, c’est une joie de pouvoir accueillir ces itinéraires de jeunes, qui souvent nous bousculent, et nourrissent la vie de notre communauté. Ainsi la communauté n’est pas d’abord une aide pour mieux vivre notre mission, mais elle devient le lieu où chacun des membres reçoit le don gratuit de Dieu à travers le témoignage de ses frères qu’il n’a pas choisi.
Le jour de sa profession religieuse, avant de prononcer les 3 vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance le salésien « s’engage à vivre en communion d’esprit et d’action avec ses frères et à participer ainsi à la vie et à la mission de l’église ». C’est une sorte de 4° vœu qui englobe, unifie toute l’existence entièrement donnée à Dieu et aux autres. Tant de gens ont faim et soif d’un « vivre ensemble »épanouissant, Nous trouvons dans la vie fraternelle vécue en communauté, un terrain d’humanisation extraordinaire sans « recettes » compliquées et en même temps un appel à vivre de façon radicale les conseils de l’évangile.
Pour tenir dans la durée cette ouverture à la vie sous le regard de Dieu, la prière est là pour nous remettre sans cesse en présence de Celui qui est à la source. Plusieurs communautés ont la grâce d’accueillir des jeunes en recherche. Très souvent ces jeunes témoignent de l’ importance de la prière pour enraciner toute la vie dans un lien avec Dieu, mais aussi pour construire la vraie fraternité.
Au milieu de multiples occupations Jean Bosco était habité par cet esprit de prière de telle sorte qu’on le reconnaissait comme l’homme de « l’union à Dieu ». C’est dans cette voie que nous cherchons à marcher. La prière ne se résume pas à un moment particulier de la journée ou de la semaine, mais elle est le souffle qui doit accompagner, inspirer le plus humble de nos gestes.
La communauté religieuse salésienne partage sa mission avec beaucoup de témoins aux multiples visages, et en particulier avec les salésiens laïcs. Nous redécouvrons, du moins en France ces dernières années la belle vocation du salésien laïc que Don Bosco a eu l’audace d’initier à son époque. Ainsi la famille salésienne se développe dans la diversité et travaille dans l ‘église à mettre en œuvre les multiples facettes du charisme prophétique de notre fondateur : saint Jean Bosco, père et maître de la jeunesse.
DEVENIR L'UN DE NOUS!
Avez-vous des questions?
Tout en invitant chaque famille religieuse à venir puiser à ses racines historiques , au charisme de son fondateur , L’Eglise invite aujourd’hui tout religieux et tout baptisé à revenir à la Source : « A l’origine de toute vocation à la vie consacrée , il y a toujours une expérience forte de Dieu , une expérience qui ne s’oublie pas . Et cela , nous ne pouvons pas le calculer ni le programmer . Dieu nous surprend toujours . C’est Dieu qui appelle . » ( Pape François aux jeunes à Assise , octobre 2013 )
La vie religieuse , c’est donc une manière particulière de vivre le baptême . Il s’agit , comme pour tout baptisé , de suivre le Christ en vivant l’Evangile , mais avec d’autres frères que l’on n’a pas choisis ( communauté ) , pour toujours ( dans la profession des vœux définitifs ) , et à la manière du fondateur ( mission et style de vie ) .
Extrait de la formule de profession du salésien :
« C’est pourquoi , en présence de mes frères , je fais vœu de vivre obéissant , pauvre et chaste , selon la voie évangélique tracée dans les Constitutions Salésiennes . » ( art 24 )
Les vœux ne peuvent être compris que dans la foi et en regardant ce qu’a vécu le Christ .
Ce sont des moyens qui aident à se rendre plus libres pour participer totalement et définitivement à la construction du Royaume de Dieu .
Il s’agit de suivre le Christ , pauvre , chaste et obéissant .
Il s’agit d’aimer le monde comme le Père l’a aimé : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils , son unique ( Jean )
Il s’agit enfin de se rendre docile à l’Esprit « que le Père enverra et qui vous enseignera toute chose . »
Dès le début de la congrégation, le Seigneur envoie à don Bosco des jeunes qui souhaitent le rejoindre comme prêtre et aussi comme « frère ». Ces deux vocations constituent un unique visage de la présence salésienne auprès des jeunes. Une présence communautaire, attentive à la fois au bien matériel et spirituel de chacun, incarnée dans ces figures de religieux laïcs ou prêtres.
Les religieux laïcs ont été appelés « coadjuteurs » par Don Bosco. Ils témoignent du Royaume de Dieu en étant proche des jeunes et du monde du travail. Les prêtres sanctifient le travail par le ministère sacerdotal et l’action sacramentelle. Les deux incarnent la figure du bon pasteur et vivent la mission en communauté.
La vie fraternelle joyeuse et simple nous permet d’offrir une affection paternelle équilibrée et partagée à chaque jeune.
Après avoir fait connaissance avec une communauté, dans un statut de « Pré Asprant », le candidat à la vie salésienne effectue un temps de pré-noviciat (entre 6 et 24 mois), en partageant la vie et le travail d’une communauté.
Au terme, il peut effectuer sa demande d’entrée au Noviciat, période de discernement et d’initiation à la spiritualité salésienne, d’une durée d’un an, au bout de laquelle il choisit d’entrer ou non dans la vie religieuse salésienne, en qualité de prêtre ou de coadjuteur (religieux laïc).
Il rejoint alors la communauté de formation et entreprend un parcours personnalisé qui comprend deux années de premier cycle de formation théologique et pastorale, suivies de deux années de stage pratique au sein d’une institution salésienne.
S’il aspire au sacerdoce, il entrera alors en deuxième cycle d’études théologiques, et il effectuera une année diaconale avant d’être ordonné prêtre. S’il aspire au co-adjutorat, il pourra poursuivre une formation spécifique liée à l’éducation des jeunes tout en continuant sa formation à la vie religieuse.
Après six ou neuf ans de vœux temporaires, il prononce ses vœux définitifs. Durant les cinq années qui suivent, il poursuivra sa formation à la pédagogie, à la pastorale et à la spiritualité salésiennes.
Obéissance n’est pas un mot à la mode dans notre société , aussi , il convient d’en rappeler l’étymologie . Le mot « obéissance » vient du latin « oboedire » qui signifie « prêter l’oreille à quelqu’un » . Obéir veut donc dire « écouter » , écouter pour ensuite répondre .
Le vœu d’obéissance , c’est comme une invitation à revisiter les notions d’autonomie , de liberté . Ce n’est pas l’indépendance et l’autosuffisance .
L’obéissance , c’est un rappel : nous avons besoin les uns des autres . Je suis dépendant des autres , mais cette dépendance , au lieu de la vivre sur la base de la frustration , de la méfiance réciproque et des rapports de force , je peux aussi la vivre à partir de la confiance et de l’alliance .
Ce vœu d’obéissance se vit selon 4 axes :
L’obéissance à Dieu : c’est toute la notion de vocation , d’appel , qui se joue . L’obéissance , c’est avant tout se mettre à l’écoute de Dieu afin de discerner quel est son projet de vie sur moi . Obéissant à l’image du Christ : « Non pas ce que je veux , mais ce que toi , tu veux . » ( marc 14, 36)
L’obéissance au monde : avoir le cœur en disponibilité , l’oreille tendue vers le monde , être vraiment solidaire de hommes et des femmes de notre temps .
L’obéissance à sa famille religieuse : c’est choisir à nouveau , chaque jour , le projet de vie religieuse qui est le nôtre et où Dieu nous conduit .
L’obéissance à soi-même : cela implique une connaissance de soi et de ses aspirations les plus profondes afin d’être fidèle à soi-même , afin d’être capable de s’écouter en vérité .
Parler de « pauvreté » , faire vœu de « pauvreté » pourrait paraître une insulte par rapport à celles et ceux qui subissent la pauvreté au quotidien et qui en sont , parfois , écrasés . La pauvreté , dans le monde , est un mal qu’il nous faut combattre . Le vœu de pauvreté est donc un engagement à la solidarité avec les plus pauvres , surtout les jeunes : « L’esprit de pauvreté nous porte à être solidaire des pauvres et à les aimer en Jésus-Christ. » ( const.79)
Mais le vœu de pauvreté est aussi le rappel que l’abondance matérielle n’est pas la raison d’être ultime de l’homme , qu’elle n’est pas sa fin .
Le vœu de pauvreté renvoie naturellement au registre de « l’avoir » , mais il se situe plutôt au niveau de « l’être » . Il est une invitation à la liberté . Ce n’est pas tellement le choix de ne pas avoir , mais plutôt d’être libre par rapport à tout ce qu’on a .
Chaque famille religieuse vit ce vœu de pauvreté de manière différente : « A l’ exemple et dans l’esprit de notre Fondateur , nous acceptons de posséder les biens nécessaires à notre travail et nous les gérons de telle manière que leur finalité de service apparaisse évidente à tous . Le choix des activités et l’implantation de nos œuvres doivent répondre aux besoins des pauvres ( Const.77 )
Le vœu de pauvreté est à vivre individuellement mais aussi communautairement , dans un esprit de coresponsabilité et de partage . C’est ensemble , en communauté , que nous avons à chercher , au jour le jour , comment le réaliser le mieux possible .
Extrait du film « des hommes et des dieux » ( Xavier Beauvais ) .
Frère Luc et une jeune villageoise :
Jeune villageoise : Toi , tu as déjà été amoureux ?
Frère Luc : Oui , plusieurs fois … oui ( silence ) . Puis après , il est arrivé un autre amour . Tu vois ? Plus grand encore …. Et j’ai répondu à cet amour là .
Je pense que c’est un bon point de départ pour comprendre le vœu de chasteté . Car ce vœu de chasteté est certainement celui qui rejoint le plus la personne dans la totalité de son être , tant dans sa quête de sens , que dans ses désirs et ses besoins les plus intimes .
Ce qui détermine la décision de suivre le Christ , c’est une rencontre où le disciple est saisi par la personne de Jésus , où il est fasciné et où il se sent aimé . Tout baptisé est appelé à faire cette expérience . Elle n’est pas l’apanage exclusif du religieux , mais cette expérience constitue ( ou devrait constituer ) un terreau fondamental dans l’appel à la vie religieuse , et plus particulièrement pour le vœu de chasteté .
« Le vœu de chasteté doit être source d’équilibre et d’épanouissement pour la personne qui s’y engage . Il ne peut reposer uniquement sur des théories ou sur un activisme social .Il doit permettre au religieux de se réaliser , non seulement spirituellement , mais aussi dans toute sa vie psychique et affective . » (Yves Bériault o.p)
« Don Bosco a vécu la chasteté comme un amour sans limite pour Dieu et pour les jeunes. (…) Notre tradition a toujours cultivé la chasteté comme une vertu rayonnante , porteuse d’un message spécial dans l’éducation de la jeunesse . Elle fait de nous des témoins de l’amour privilégié du Christ pour les jeunes . Elle nous permet de les aimer en toute clarté de telle façon « qu’ils se sachent aimés » ; et elle nous rend capables de les éduquer à l’amour et à la pureté . » ( Const.81)